La crue avait emporté le pont sur le Kuzil-uzum. Rien à faire pour traverser, mais comme l’eau pouvait baisser d’un jour à l’autre, les camions continuaient d’arriver de l’est et de l’ouest [...]. On s’installa. Les rives étaient déjà couvertes de caravanes et de troupeaux. [...] Au bout d’une semaine, il y avait une ville à chaque tête du pont, des tentes, des milliers de bêtes qui bêlaient, meuglaient, blatéraient, des fumées, de la volaille, des baraques de feuillage et de planches [...], de furieuses parties de jacquet, quelques derviches qui exorcisaient des malades, sans compter les mendiants et les putains qui s’étaient précipités pour profiter de l’aubaine. [...] Quand l’eau baissa tout se défit comme en songe.